« [...] le « principe de l’égalité de l’action et de la réaction » [...] est si peu un principe qu’il se déduit immédiatement de la loi générale de l’équilibre des forces naturelles : chaque fois que cet équilibre est rompu d’une façon quelconque, il tend aussitôt à se rétablir, d’où une réaction dont l’intensité est équivalente à celle de l’action qui l’a provoquée ; ce n’est donc là qu’un simple cas particulier de ce que la tradition extrême-orientale appelle les « actions et réactions concordantes », qui ne concernent point le seul monde corporel comme les lois de la mécanique, mais bien l’ensemble de la manifestation sous tous ses modes et dans tous ses états [...] » (Les principes du calcul infinitésimal)
« […]
il semble qu’une des grandes habiletés des « dirigeants » de la mentalité
moderne consiste à favoriser alternativement ou simultanément l’une et l’autre
des deux tendances en question suivant l’opportunité, à établir entre elles une
sorte de dosage, par un jeu d’équilibre qui répond à des préoccupations
assurément plus politiques qu’intellectuelles ; cette habileté, du reste, peut
n’être pas toujours voulue, et nous n’entendons mettre en doute la sincérité
d’aucun savant, historien ou philosophe ; mais ceux-ci ne sont souvent que des
« dirigeants » apparents, et ils peuvent être eux-mêmes dirigés ou influencés
sans s’en apercevoir le moins du monde. » (Orient et Occident)
Si dans son ensemble l'histoire de la musique moderne s'est déroulée dans le sens
du « dièse », elle est en fait rythmée par un subtil jeu d'équilibre
cyclique entre compositeurs plutôt « dièse » ou plutôt
« bémol ». C'est ainsi que les compositeurs de l'ars nova affectionnaient
les sensibles (dièse), qui tendirent à disparaître chez Ockeghem et ses
successeurs (bémol), pour ensuite à nouveau se généraliser dans la
deuxième moitié du XVIème siècle [1].
Si Purcell, Rameau et Bach furent plutôt bémol (ce que certains
expriment en disant qu'ils sont encore très « modaux »), la première
école de Vienne fut dièse. Les premiers romantiques, eux,
affectionnaient particulièrement les médiantes et les sous-dominantes (bémol),
mais Wagner poussa ensuite la tendance dièse à l'extrême. Par contre,
Brahms use beaucoup de la « désensibilisation », et il est à
remarquer que, généralement, les progressistes ou « compositeurs du
futur » et les conservateurs furent respectivement plutôt dièse et bémol.
[1] Cf. Musica
ficta, une histoire des sensibles du XIIIe au XVIe siècle, de Vincent
Arlettaz.
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