5. Solidification et dissolution du système tonal

Guénon distingue deux phases dans le cycle moderne : une phase de « solidification », puis une phase de dissolution.


Le si ayant sa quinte diminuée, il ne peut supporter d'accord parfait. Aussi, pour atteindre un certain équilibre, la musique moderne dut-elle se décaler progressivement vers le « dièse » jusqu'à former les « triangles » tonique/dominante/sous-dominante des relatifs majeurs et mineurs du système tonal, système qui eut sa réalisation la plus achevée dans la musique de Haydn, de Mozart et de Beethoven. Puis, l'équilibre ainsi atteint étant bien relatif et artificiel, il fut aussitôt rompu, et ceci par les forces même qui contribuèrent à sa réalisation. C'est ainsi que, par exemple, si l'établissement progressif du tempérament égal fut nécessaire à la mise en place du système des modulations tonales, il fut ensuite également solidaire de la destruction de toute hiérarchie, quelle qu'elle soit. De même, la « sensibilisation » de l'échelle diatonique (ce que nous avons appelé le décalage vers le « dièse ») fut nécessaire à la formation des tonalités et à l'affermissement des toniques (ce qui est particulièrement flagrant en ce qui concerne le mode mineur), mais, en se poursuivant, elle devait fondre la tonalité elle-même dans un flou chromatique anarchique.

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