Guénon distingue deux phases dans le cycle moderne : une
phase de « solidification », puis une phase de dissolution.
Le si
ayant sa quinte diminuée, il ne peut supporter d'accord parfait. Aussi, pour atteindre
un certain équilibre, la musique moderne dut-elle se décaler progressivement
vers le « dièse » jusqu'à former les « triangles »
tonique/dominante/sous-dominante des relatifs majeurs et mineurs du système
tonal, système qui eut sa réalisation la plus achevée dans la musique de Haydn,
de Mozart et de Beethoven. Puis, l'équilibre ainsi atteint étant bien relatif
et artificiel, il fut aussitôt rompu, et ceci par les forces même qui
contribuèrent à sa réalisation. C'est ainsi que, par exemple, si l'établissement
progressif du tempérament égal fut nécessaire à la mise en place du système des
modulations tonales, il fut ensuite également solidaire de la destruction de
toute hiérarchie, quelle qu'elle soit. De même, la
« sensibilisation » de l'échelle diatonique (ce que nous avons appelé
le décalage vers le « dièse ») fut nécessaire à la formation des
tonalités et à l'affermissement des toniques (ce qui est particulièrement
flagrant en ce qui concerne le mode mineur), mais, en se poursuivant, elle
devait fondre la tonalité elle-même dans un flou chromatique anarchique.
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